Contexte

Le besoin d’une école secondaire de langue française dans l’est de Toronto est clair et très bien documenté : les parents de cette communauté attendent et revendiquent cette école depuis une décennie et le Commissaire aux services en français de l’Ontario a confirmé ce besoin pressant dans son rapport publié en juin 2011 et encore dans celui de juin 2016. De plus, ce besoin augmentera inexorablement au cours des prochaines années. La population francophone est en pleine croissance dans ce quartier. Les chiffres du recensement 2006 confirment une concentration très élevée du nombre de francophones, dont la circonscription 32 (Beaches-East York), qui a connu une augmentation de 81% du nombre de familles francophones. Les inscriptions dans les écoles élémentaires des deux conseils scolaires de langue française ne cessent d’augmenter si bien que ceux-ci anticipent une croissance constante dans les prochaines années.

En raison du manque d’école secondaire de langue française dans le quartier, nos jeunes francophones n’ont pas actuellement un accès à l’éducation dans leur langue équivalent à celui des anglophones. Lorsqu’ils sont rendus en 7e année, nos enfants doivent voyager d’une à deux heures par jour à l’extérieur de leur communauté pour se rendre à l’école secondaire de langue française la plus près. Cette école qui accueille des élèves de la 7e à la 12e année est située au centre-ville dans un immeuble qui auparavant était des bureaux médiatiques. Cette école n’offre pas la panoplie d’installations qu’on considère comme installations de base dans une école secondaire (et que possède la plupart des écoles anglophones de quartier ainsi que les autres écoles francophones à Toronto), tel un terrain de sports extérieur, une cafétéria assez grande pour accueillir la majorité de la population étudiante, multiples gymnases ou un gymnase divisible, un auditorium, une salle de musculation, etc. Le résultat : nos jeunes qui voyagent hors quartier pour fréquenter l’école secondaire francophone auquel ils ont accès ne jouissent pas d’une expérience scolaire équitable lorsqu’ils y sont rendus. Pas surprenant que plusieurs familles choisissent d’abandonner le système de langue française.

Pour la plupart des parents francophones, une éducation en français de qualité et dans des établissements scolaires à proximité raisonnable sont les facteurs déterminants quant au choix d’une école secondaire. Cependant, faute d’une école secondaire de quartier et faute d’établissements scolaires de bonne qualité, un bon nombre de nos jeunes et leurs parents cèdent à l’attrait des écoles secondaires anglophones du quartier et ainsi se font assimiler. Ce résultat va à l’encontre des objectifs de l’article 23 de la Charte des droits et libertés.

Tandis que la problématique pour les francophones frise la crise, les jeunes qui fréquentent les diverses écoles de langue anglaise du quartier ont l’embarras du choix—ils peuvent choisir parmi plus d’une école de quartier et ils peuvent s’y rendre à pied, en vélo ou en transport en commun. Le trajet aller-simple pour eux dure en moyenne 5 à 15 minutes. De plus, dans notre quartier le conseil anglophone public (le Toronto District School Board ou TDSB), retient des écoles sous-utilisées malgré une tendance de baisse dans leurs effectifs qui dure depuis quelques années. Quatre de ces écoles sont bien en-dessous de leur taux de capacité (soit entre 22% et 49%) et deux autres écoles sont juste au dessus du 65% qui est considéré «sous-utilisé». Toutes ces écoles se situent à moins de 4 km l’une de l’autre.

Il existe plus de 3,500 espaces étudiantes excédentaires dans les écoles du TDSB du quartier. En 2015, Le rapport Wilson soumis à la Ministre de l’éducation a obligé le TDSB à développer un plan d’action afin de réduire leurs espaces scolaires sous-utilisées. Après cela, la province a ordonné le TDSB à mener un examen des installations destinées aux élèves qui a inclut huit écoles secondaires dans notre quartier. En conclusion, la proposition du TDSB suite à l’examen s’avère loin de régler le problème d’espaces scolaires sous-utilisées.

Les démarches déjà entreprises

L’article 23 de la Charte garantit pour nos enfants une instruction francophone dans des établissements scolaires équivalents à ceux des anglophones. Ainsi, la Coalition PESQ a lancé une campagne pétition pour obtenir dans l’est de Toronto une école secondaire de qualité équivalente à celle des écoles de langue anglaise. La Coalition a recueillie plus de 1,500 signatures en faveur de cette école, et la pétition a été déposée à l’Assemblée législative de l’Ontario d’abord en mars 2014 puis encore en novembre et décembre 2014. Au premier dépôt, la Ministre de l’éducation nous a conseillé de travailler avec nos conseils scolaires pour faire avancer le dossier.

La Coalition a donc multiplié les rencontres avec divers interlocuteurs—Membres de l’Assemblée législative, conseillers et conseillères scolaires, directeur et directrice des conseils scolaires de langue française, représentants du TDSB, fonctionnaires du gouvernement provincial, et conseillères municipales du quartier. En ce faisant, nous avons embarqué des partenaires et des représentants qui appuient notre lutte.

La prochaine étape

Le 23 janvier 2018, le Gouvernement de l’Ontario a annoncé qu’il octroyait plus de 16 millions de dollars au Conseil scolaire Viamonde afin d’aider à créer une nouvelle école secondaire de langue française dans la collectivité Est de Toronto. Voilà plusieurs années que la Coalition PESQ prévient le Gouvernement que le manque d’école secondaire dans la collectivité Est enfreint les droits des francophones sous l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés. La Coalition a d’ailleurs déposé une requête auprès de la Cour supérieure de justice de l’Ontario en juin 2017 pour faire valoir ces droits.

La Coalition PESQ est encouragée par l’annonce du Gouvernement, qui représente un bon début. Il reste toutefois beaucoup de travail à faire pour fournir une école équivalente aux francophones de la collectivité Est. Dans les prochaines semaines, il reviendra au Gouvernement et au Conseil scolaire Viamonde de proposer aux parents francophones des détails concrets et un échéancier pour la construction de cette école, ainsi que de confirmer que l’école aura des immobilisations équivalentes à celles des écoles anglophones du quartier, par exemple des salles de classes spécialisées, une piste et pelouse, un auditorium, des aires de détente et des espaces communs aux élèves.

La Coalition PESQ a déjà présenté plusieurs propositions de terrains pour la construction de cette école équivalente et continuera à collaborer avec le Gouvernement et le Conseil scolaire Viamonde sur ces enjeux importants pour résoudre l’enfreinte à la Charte des parents francophones dans les plus brefs délais.

Heidi Pospisil de la Coalition PESQ : « Ça fait du bien que le Gouvernement reconnaisse finalement le besoin criant d’une école secondaire dans la collectivité Est. Maintenant il faut se mettre au travail pour explorer à fond toutes les options pour assurer que l’école qui nous est fournie soit véritablement équivalente! Les enfants de ce quartier n’en méritent pas moins, et la vitalité de notre communauté grandissante en dépend. »